Bellissima Costa Amalfitana
Alors, je sais bien... quand on parle Côte Amalfitaine, le papier n'est pas exactement ce qui nous vient à l'esprit !
La Côte Amalfitaine, cette cinquantaine de kilomètres suspendus sur une mer d'un bleu infini, peut-être est-ce elle qui représente le mieux la dolce vita à l'italienne : ce charme des paysages de rêve, de parfum d'agrumes, de richesses culturelles inestimables et bien-sûr de ses irrésistibles spaghetti alle vongole !
Aujourd'hui, vivant presque exclusivement de tourisme, Amalfi fût pourtant une des cités maritimes les plus puissantes et riches d'Italie au XIème siècle. Les comptoirs de la République d'Amalfi s'étendaient alors de l'Italie méridionale jusqu'à la Sicile et l'Afrique du Nord, favorisant les échanges commerciaux et culturels notamment avec le monde arabe. C'est à cette période que les Amalfitains reçurent des Arabes la technique de la fabrication du papier, elle-même inventée en Chine au Ier siècle après J.C.
Le papier, c'est ce qui nous intéresse ici :)
Si vous continuez la Via Lorenzo d'Amalfi, la rue principale d'Amalfi, vous éloignant de la côte et de ses processions de touristes, vous vous retouverez dans la Via delle Cartiere qui porte bien son nom, puisque c'est ici, que dès le XIIIème siècle, furent créées les premières manufactures de papier artisanal (carta a mano). L'endroit est idéal : La Valle dei Mulini, luxuriante, est traversée par un cours d'eau (le Canetto), et l'énergie hydraulique est indispensable à la fabrication du papier.
Par rapport à ce que nous connaissons aujourd'hui, ce papier n'était pas produit à base de cellulose (dérivé du bois), mais grâce au broyage de chiffons en lin, coton, chanvre. Une fois ces chiffons réduits en charpies (par un système de maillets animés par l'énergie hydraulique), on procédait à plusieurs étapes de lessivage afin d'isoler les fibres des tissus des coutures, des restes de boutons et autres déchets. On obtenait enfin une pâte homogène que l'on venait diluer dans une grande cuve : on venait alors immerger une trame métalique à mailles très fines, on recueillait la pâte qui venait remplir toute la trame, on égouttait, pour ne garder qu'une couche fine qui était ensuite étalée sur un feutre en laine puis séchée à l'air libre. Le papier était prêt à l'emploi !
Si vous n'avez rien compris à mes explications, bonne nouvelle : il est encore possible de voir ce procédé de fabrication au musée du papier d'Amalfi, ancienne manufacture datant du XIVeme siècle. Les machines y sont intactes et encore opérationnelles !
En 1700, l'âge d'or de la carta a mano amalfitaine, on dénombre 11 manufactures de ce type, qui peu à peu, se sophistiquèrent. Puis, vint le déclin. La non-compétitivité de ces petites structures face aux usines modernes, la situation géographique d'Amalfi rendant les accès terrestres très compliqués et enfin une terrible inondation en Novembre 1954, mirent un coup d'arrêt à ce savoir-faire multi-séculaires.
Ne subsiste, aujourd'hui, qu'une production très spécifique et haut de gamme : des faire-part, du papier aquarelle, du papier à lettre et pas des moindres... le Vatican utilise encore la carta a mano amalfitaine pour sa correspondance.